Journée Internationale des Droits des Femmes – interview d’Alexandra Mougin
À l’occasion de la Journée Internationale des Droits des Femmes, célébrée le 8 mars, découvrez la première interview. Alexandra Mougin, Directrice de recherche au Laboratoire de Physique des Solides à Orsay ainsi que référente parité du Programme de Recherche SPIN. Elle nous partage son parcours, ses projets inspirants, ainsi que sa vision de la place des femmes dans le monde scientifique à travers une interview.
Son parcours scolaire et professionnel :
Pourquoi le domaine de la physique et de la spintronique ?
Alexandra a choisi de se plonger dans le domaine de la physique et de la recherche pour des raisons liées à sa curiosité initiale : les sciences, puis la physique. Son parcours s’est transformé grâce à des rencontres déterminantes grâce à des personnes passionnées (ses enseignants en physique quantique et statistique, sa future directrice de thèse puis son responsable de post-doctorat) qui l’ont guidée vers la spintronique. Par une facilité d’interaction et une affinité intellectuelle, elles ont agi comme des mentors, suscitant chez Alexandra un intérêt croissant pour les intrications complexes de la spintronique. Ainsi, c’est la combinaison de sa passion initiale pour la physique et les relations enrichissantes qu’elle a tissées avec des experts de la spintronique qui ont finalement façonné son choix professionnel, la propulsant vers un domaine où la curiosité et la collaboration convergent pour repousser les limites de la connaissance scientifique.
Place de la femme dans le monde scientifique par Alexandra :
Les paroles exprimées par Alexandra soulignent de manière poignante les défis persistants liés à la place des femmes dans le domaine scientifique. Elle souligne que la sous-représentation et l’inégalité persistante dans divers secteurs scientifiques sont profondément enracinées dans des schémas socio-démographiques. Elle met en lumière les obstacles auxquels sont confrontées les femmes qui aspirent à devenir chercheuses, notamment le recrutement tardif qui retarde souvent la maternité ou entraîne un renoncement à ce projet professionnel comme l’atteste le faible nombre de femmes candidates pour ces carrières.
Alexandra salue néanmoins les initiatives positives :
- La politique de réduction de l’âge d’embauche au CNRS, visant à instaurer une plus grande parité
- Les aides qui commencent à exister au retour du congé de maternité
- La création de la cellule signalement, comme « une nouvelle dynamique associée à une volonté de ne plus autoriser les débordements à caractères sexuels »
Alexandra suggère d’autres solutions, comme l’introduction de quotas d’embauche pour encourager la parité dans les domaines scientifiques, citant l’exemple de l’Assemblée nationale où cette mesure a renforcé la représentation équilibrée des sexes, contribuant ainsi, à résoudre les inégalités persistantes.
Il lui semble donc important de sensibiliser sur les préjugés liés au genre car ces biais persistent dans les processus d’évaluation et de recrutement. Des études scientifiques ont aussi prouvé que ces stéréotypes ancrés dans la mémoire collective (par exemple, les garçons sont meilleurs en maths) influencent négativement les performances des femmes.
Transparait également son désir de rendre la science accessible à un public plus large et peu familiarisé avec les domaines scientifiques. Elle imagine des initiatives similaires à Sciences XXelles, où des panneaux photos avaient été installés dans les gares, mairies et autres lieux accueillant du public, qui ont pu captiver l’attention de tous, notamment les enfants.
Recevoir des classes lui paraît tout aussi captivant, anticipant l’enthousiasme des jeunes pour les expériences en laboratoire. Elle estime qu’il est essentiel de consacrer du temps à cette initiative afin de soutenir les jeunes manifestants un intérêt, particulièrement ceux qui sont encore à un âge précoce.
Ses initiatives majeures dans la recherche :
Parmi les projets dont elle tire une grande fierté, se distingue tout particulièrement son travail dans le domaine des matériaux. Elle souligne l’importance cruciale d’avoir des matériaux jolis, bien adaptés et judicieusement choisis pour obtenir des « belles mesures ». La capacité d’Alexandra à mobiliser ses collègues pour explorer de nouveaux matériaux reflète son engagement indéfectible, source de grande fierté. La création et l’innovation dans le domaine des matériaux constituent une facette cruciale de son parcours professionnel, illustrant son engagement constant envers l’amélioration des bases de la recherche scientifique.
Les mots de la fin :
Le parcours d’Alexandra illustre la capacité des femmes à exceller dans le domaine scientifique. Son engagement, son plaidoyer pour la parité et sa capacité à mobiliser ses pairs témoignent de la contribution significative des femmes à la recherche. Alexandra représente un exemple inspirant dans un environnement scientifique, soulignant l’importance d’une représentation équilibrée pour un avenir plus inclusif.